Tu sais, la réputation des flics n'est pas surfaite. C'est ainsi qu'au début, ils m'ont laissé 8 jours (du vendredi au samedi matin
suivant) sans manger, sans boire, et presque sans dormir, les coups de pied et de poing à jet continu, puis, comme je ne disais rien,
ils ont téléphoné à Vichy, qui a fait descendre de Paris une équipe de quatre spécialistes, qui, d'ailleurs, n'ont pas eu plus de
succès.
Les Parisiens varient dans leurs procédés. Ils m'allongeaient sur une table, me faisant tenir par d'autres flics et, se relayant
par équipe de deux, me frappaient à coups redoublés avec des nerfs de boeuf. Ils étaient en bras de chemise et suaient à grosses
gouttes (je n'avais pas froid non plus). J'étais noir des épaules aux talons, les fesses, le bas ventre, les cuisses et les mollets
enflés à pleine peau. D'ailleurs, malgré près de deux mois écoulés, on me fait toujours sur les fesses des pansements à des plaies
larges comme la paume de la main. Ils avaient des intentions délicates, comme de me faire mettre à genou sur une règle. Ils m'ont
tenu comme çà, une fois 2 heures et une autre fois 5 heures, au cours d'un interrogatoire de 14 heures.
Puis, pour changer, ils me frappaient, avec des nerfs de boeuf, sur la plante des pieds (très recommandé), me passaient entre les
orteils la flamme d'un briquet gros comme la moitié du poing, me mettaient au milieu de la pièce et me renvoyaient de l'un à l'autre
à coups de poing dans la poitrine, dans le dos, dans le ventre, les côtes, pendant qu'un autre me cinglait les
jambes et les pieds
avec des nerfs de boeuf. Ils me prenaient à quatre dans la position d'un homme assis, et me soulevaient le plus haut possible
et me laissaient retomber les fesses sur le bord de la table... (enfin rien que des gentillesses) çà a duré huit jours, mais deux
jours de plus et je passais de l'autre côté. Enfin, j'ai pu la boucler jusqu'au bout. C'est le principal. Ne parle pas de çà à
maman, elle se ferait encore des cheveux. |