Groupe F.T.P.F "Chanzy"
La Résistance dans la région Centre.




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Réquisitoire. Plaidoiries. Dans l'attente
du verdict.
Verdict.

Sources documentaires:
"la République du Centre"

Orléans
L’affaire des fusillés de Chartres et d’Orléans
devant la Cour de Justice
du 3 septembre au 12 septembre 1945

Vingt-sept témoins accablent Méresse et Denuzières.

Cette troisième journée d'audience fut occupée par les dépositions de 27 témoins.

Elles sont toutes accablantes pour Méresse. Après chaque déposition le traître interpelle les témoins et tente de se justifier par de longs discours. Mais il n'y parvient pas.

C'est aussi Denuzières qui fut le plus touché dans sa défense. ses brutalités furent abondamment révélées par ses victimes comme par ses collègues.

Le premier témoin est M. Ronceray, chef de la Sûreté.

L'inspecteur cher Ronceray reçut le coup de téléphone de Bourgine demandant qu'on arrête un individu recherché. Il s'annonça: Police allemande. Le chef de la Sûreté envoya duex inspecteurs à la gare. Ceux-ci ramenèrent Jenot.

Le président fait remarquer au témoin que Jenot, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt, il aurait dû le déférer au Parquet.

" En temps ordinaire, oui, mais lorsque j'ai montré à mes chefs les documents trouvés sur Jenot, ils m'ont donné l'ordre d'appeler la brigade", répond M. Ronceray.

L'inspecteur Dauvergne dit comment Devynck l'envoya, avec ses collègues Léger, Imbert et Barrés, arrêter au car de Bonny sur Loire, un individu dont on lui donna le signalement: c'était Méresse. Là, se borne son activité. Sur une demande de l'ex-commissaire Devynck, le témoin précise qu'à la suite d'une perquisition chez M. Sausse, à Monts, il fit disparaître des documents anti-allemands, d'accord avec Devynck. Il précise qu'à son avis Viviani ne fit pas preuve d'un zèle excessif.

La plus importante déposition de la matinée est celle de M. Girard, garagiste à Dordives.

Résistant très courageux et très actif, M. Louis Girard, recvait son ami Paul Chatrousse, responsable F.T.P., de la région sud-est de Paris, qu'il cacha souvent, et Charlier, lieutenant de Méresse.

Chez lui, fonctionnait un véritable bureau de recrutement pour l'Angleterre et pour le maquis. C'est Charlier qui venait chercher les volontaires et leur donnait les papiers nécessaires. Méresse vint chez lui plusieurs fois.

C'est chez M. Girard que le traître donna rendez-vous à Chartier le jour où il devait le livrer à la police. Lorsqu'il eut accompli son ignoble besogne, il téléphona à la brigade, ajoutant qu'il conviendrait de couper la ligne téléphonique de M. Girard pour qu'il ne puisse pas alerter ses amis parisiens.

Il revint ensuite à Dordives, raconta qu'il avait pu s'échapper et demanda à rejoindre Chatrousse pour reprendre son activité.

On sait qu'il voulait simplement tendre un piège à Chatrousse. Celui-ci fut prévenu à temps. Il devait malheureusement être arrêté sur une autre dénonciation et, comme le pauvre Chartier, il fut fusillé.

Au mois d'août, M. Girard fut arrêté par une équipe de policiers composée des inspecteurs Nourry, Daffis, Tapie, Boussa.

Girard et sa femme furent transférés à Orléans et les inspecteurs établirent une surveillance à leur domicile.

" Ils ont tout pillé, déclare le témoin, et ont laissé la maison dans un état de saleté indescriptible. seul l'inspecteur Tapie a été parfaitement correct. Ls autres ont pris ma réserve de denrées et pillé le jardin. Ils ont tellement mangé qu'ils furent malades. Ils ont volé l'essence qui se trouvait dans une voiture en réparation, appartenant d'ailleurs au préfet de l'Yonne. Aussitôt après son arrestation, M. Girard rencontra au commisariat de Montargis, l'inspecteur Dauvergne qu'il connaissait bien. Ce dernier téléphona aussitôt à Nourry pour le faire libérer. Nourry lui répondit:

" Occupes toi de ce qui te regarde ".

M. Girard fut détenu 37 jours au Commmissariat central. Pendant ce temps, il allait chercher la nourriture des détenus à la cantine du Lycée. Il fit ainsi la connaissance du cuisinier, M. Bachou. Celui-ci apitoyé, lui offrit de parler de lui au commissaire Devynck, qu'il connaissait.

" Devynck m'a alors convoqué, dit M. Girard et il m'a dit qu'il verrait le préfet pour lui exposer mon cas. Je sais qu'il a détruit certains documents me concernant et, quelques jours plus tard, il m'a mis en liberté. "

Méresse, pour qui cette déposition est grave, prétend qu'il a rencontré chartier, par hasard, chez M. Girard. Mais le témoin affirme le contraire.

En sortant, chartier voulut partir par un petit chemin longeant le canal. Il aurait ainsi échappé aux policiers, mais Méresse insista pour lui faire prendre la route nationale.

Il refusa aussi les armes que lui offrait Chartier. C'était compromettant.

Viviani:
" Quand Méresse était chez M. Girard, nous sommes passés plusieurs fois en auto pour donner l'éveil à Chartier. "

Le témoin:
" C'est exact, mais Méresse a rassuré chartier, lui affirmant qu'il ne s'agissait pas de policiers. "

Cette attitude est d'autant plus odieuse que Chartier venait de marquer sa sympathie au traître et de manifester sa joie de le voir libre.

Monsieur Girard pense que Méresse a dû neutraliser les efforts de Chartier qui avait sur lui un revolver et une grenade et n'était pas homme à se laisser arrêter sans faire usage de ses armes.

Méresse interrompt le témoin, fait des discours, tente d'égarer le débat, ce qui lui attire cette observation du président:
" N'ergotez pas: il s'agit de savoir si vous êtes un traître, si vous avez attiré Chartier dans un guet-apens. C'est tout. "

M. Philippe Perez, coiffeur à Gien, fut arrêté sur la dénonciation de Méresse. Il tenta de nier mais Méresse vint lui-même apporter des précisions. Il parlait beaucoup.

Le président:
" Il dirigeait l'interrogatoire. C'est une habitude qu'il n'a pas perdue. "

Méresse:
" Moi qui n'ai qu'une petite instruction primaire je ne pouvais pas diriger les interrogatoires. Denuzières, pour avancer les aveux dit à Perez: Tu vas faire connaissance avec Rosalie. "

Le lendemain, le jeune Perez était vilemment flagellé

Il a vu frapper Millet et Pascal qui sont revenus affreusement meurtris qu commissariat.

M. Gaston Leroux qui revient, comme Perez, de Buchenwald par la faute de Méresse et des policiers, signale aussi les brutalités de Denuzières et de la S.P.A.C. C'est Denuzières qui le conduisit à la Gestapo.

C'est encore un déporté rapatrié, M. René Laval, chirurgien-dentiste à Gien, qui vient dire avec quelle brutalité les inspecteurs Nourry et Bousquet perquisitionnèrent chez lui. Ils lui volèrent son tabac.

Puis, M. Maurice Rapine de Fay-aux-Loges confirme la participation de Méresse dans les interrogztoires.

D'autres policiers sont entendus ensuite: le commissaire Malpart, qui confirme ce que l'on sait déjà; le commissaire Menudier, qui souligne que Méresse indiquait les adresses de ses camarades et les attirait dans des souricières; l'inspecteur Palisson, secrétaire de la 5ème brigade. Ce fonctionnaire écoeuré des procédés de la S.P.A.C. avait quitté son bureau pour aller travailler chez lui.

Le commissaire Vasseur transféra Louis Chevrin à Orléans, il a vu les brutalités de la S.P.A.C.; l'inspecteur Tapie accuse Denuzières de brutalités, il a vu opérer "Rosalie".

M. Marcel Bourguereau qui appartenait à la Résistance de Fay-aux-Loges, était entré comme surveillant à la prison. Il fit sortir les lettres de Chevrin et a vu Jenot épouventablement blessé. Il fut arrêté à son tour.

Ce sont ensuite les émouvantes dépositions de Mme Chevrin, veuve de Louis Chevrin et de sa belle-soeur Mme Gérardot.

La première a été enchaînée toute une nuit à la brigade. Elle pense que son mari a été battu à son domicile. On a trouvé chez elle un ballon ensanglanté.

Mme Gérardot confirme les mauvais traitements dont son frère fut victime. La lettre qu'il a pu envoyer avant sa mort est éloquente. toutes deux réclament un châtiment exemplaire.

Sur l'arrestation de Chevrin, les inspecteurs Gourdet et Peauclair, de Bourges précisent que le malheureux F.T.P., enchaîné et déshabillé, fut frappé à coups de poing par Duché.

L'inspecteur Portet, dépose sur une affaire connexe concernant l'accusé Bailloux qui dénonça M. Sausse, distribuant des tracts à Monts. Le policier laissa évader M. Sausse.

Le commissaire Devynck avait été accusé de s'être opposé à l'évasion de M. Jacques Chevallier, arrêté en juillet 1944, et dont on est encore sans nouvelles.

Mme Chevallier, rapatriée elle-même d'Allemagne où elle fut déportée peu après son mari vient dire que c'est inexact. " Je n'ai rien à reprocher à Devynck qui a fait ce qu'il a pu pour tenter de faire échapper mon mari. "

M. Raymond Foucher, de Gien, a été dénoncé par Méresse qui l'a ensuite interrogé.

Il accuse le commissaire Menudier de l'avoir frappé, mais tient à rendre hommage aux gardiens de la paix d'Orléans qui le surveillèrent au commissariat.

MM. Bourgoin et Beaupin accusent aussi formellement Méresse.

M. Larrieu:
" Je fais remarquer que ces trois témoins ont été cités à la demande de Méresse. "

Mme Lagier, dont le mari fut déporté; M. Lerouge, père d'un des fusillés; Mme Jenot, mère de Maurice Jenot qui dépose avec beaucoup de dignité dans sa douleur viennent ensuite demander justice. Cette dernière précise que Bourgine s'est vanté, à Angers, d'avoir touché 5.000 francs pour prix de sa trahison.

M. Charles Cathelineau, 4, rue Pasteur, beau-frère du pauvre petit Vergracht, fusillé a participé à de nombreux attentats avec Méresse. Celui-ci alla le dénoncer. Heureusement il aperçut les policiers chez lui et se sauva. Il aurait sans doute été fusillé.

Enfin, M. René Tessier, rue de l'Empereur, qui échappa à Denuzières, a vu Méresse se promener librement en ville le 25 juin 1943.

L'audience est levée à 20 heures


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